Description

Le château de Hâ, aussi appelé « Fort du Hâ », est une ancienne forteresse de la ville française de Bordeaux, dont la place est actuellement occupée par le Palais de Justice et l’Ecole Nationale de la Magistrature de France.

Le château du Hâ a été construit par décision du roi Charles VII, au lendemain de la fin de la guerre de Cent Ans, en 1453, pour protéger la ville des Anglais. Les deux grosses tours du château (« des Anglais » et « des Minimes ») reliées par un mur, seules parties de la forteresse d’origine subsistant aujourd’hui, sont inscrites au titre des monuments historiques depuis le 12 avril 1965.

Jean des Vignes aurait été l’architecte du Château de Hâ. Cependant, sur la base de similitudes dans les caractéristiques architecturales, Mathieu de Fortune aurait pu jouer un rôle important dans sa conception. Bordeaux, comme d’autres villes de l’ancienne province de Guyenne, a assumé le coût de la construction.

Histoire du château de Hâ

Le 17 juillet 1453, la bataille de Castillon marque la fin de la guerre de Cent Ans. Peu après la victoire dans cette bataille, le roi de France Charles VII ordonna la construction des châteaux de la Trompette (château Trompette) et du Far (aujourd’hui château du Hâ) pour protéger la ville et le pays d’une nouvelle offensive anglaise.

La première pierre aurait été posée le 24 janvier 1456 et la première utilisation du château fut de loger une partie des troupes royales qui composaient la garnison bordelaise. Conçus pour un usage défensif, les murs de la tour « des Minimes » mesurent 4,40 mètres d’épaisseur.

En 1470, le château de Hâ devient la résidence de Charles de Valois, nommé duc de Guyenne par son frère Louis XI. Le château, qui devint le siège d’une cour brillante, connut des moments de splendeur jusqu’à la mort de Charles de Valois, qui mourut dans le château même le 24 mai 1472.

Le 19 août 1548, le château de Hâ était le lieu choisi par les collecteurs d’impôts pour se réfugier en période de désordre. Déjà en 1562, Charles de Coucy, seigneur de Burie et lieutenant général de Guyenne, s’intéressait à un séjour au château de Hâ. Charles entrera résider au château en 1563, après la mort d’Antoine de Noailles, alors maire de Bordeaux. Plus tard, en octobre 1572, Hâ servit à nouveau de refuge, cette fois aux protestants pendant la guerre de religion.

Sous le règne de Louis XIV, en septembre 1650 le château de Hâ participe à la défense de Bordeaux contre les mouvements des troupes royales sous la Fronde. En 1654, Louis XIV ordonne la réparation du château et ajoute de nouveaux bâtiments.

En 1731, une prison civile est installée au château de Hâ.

En août 1785, Louis XVI ordonne la démolition du Château Trompette et, par ricochet, la construction d’une nouvelle caserne au Fort du Hâ. La construction des nouveaux bâtiments est confiée en novembre 1786 à l’architecte Victor Louis. Ses plans et devis sont acceptés le 18 mars 1788, mais le projet ne sera pas réalisé en raison de la Révolution.

Déjà à la Révolution, en septembre 1790, la tour des Anglais (« des Anglais ») est cédée à la ville. Cette tour abritait des cellules qui à l’époque étaient complètement remplies de prisonniers. Au temps de « la Terreur », le château de Hâ est déclaré patrimoine national et devient une prison d’état. De nombreux prisonniers incarcérés attendaient leur condamnation à mort par la commission militaire de la Gironde siégeant dans l’ancienne chapelle de la tour « des Minimes ».

Les travaux débutent en 1835 pour démolir une partie du Fort du Hâ et construire le nouveau Palais de Justice et la future prison du Hâ. Seules les deux grosses tours citées ci-dessus ont été conservées de l’ancien château. Le 19 novembre 1846, les nouveaux bâtiments construits par l’architecte naturel bordelais Joseph-Adolphe Thiac sont inaugurés. La nouvelle prison a été conçue sur le modèle du système pénitentiaire du régime de Pennsylvanie en vigueur aux États-Unis.

À partir de 1918, toutes les exécutions capitales ont lieu dans la cour commune du château de Hâ et dans le palais de justice voisin. Avant 1939, et pour satisfaire le besoin de « publicité », l’accès aux patios était gratuit. Au total, six hommes ont été exécutés publiquement entre 1918 et 1933, et une femme et cinq hommes entre 1941 et 1960.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands ont utilisé la forteresse comme prison politique pour enfermer les opposants et les résistants. De nombreux Juifs sont également détenus à Hâ avant d’être transférés au camp de Drancy et déportés vers les camps de la mort polonais.

Un monument en granit gris érigé en 1985 dans la cour du château, soutenu par la tour « des Minimes », commémore sa mémoire. Il abrite les cendres recueillies dans les camps de concentration.

Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Fort du Hâ retrouve sa fonction de prison départementale. Le 12 juin 1967, tous les détenus sont transférés à la nouvelle prison de Gradignan, à une dizaine de kilomètres de Hâ. Les travaux de démolition de Hâ débuteront fin 1969.

En mars 1971, débute la construction de la nouvelle École nationale de la magistrature de France, qui est solennellement inaugurée le 12 décembre 1972. Son périmètre intègre les deux anciennes tours de la forteresse originelle des Hâ.

En 1990, un concours est lancé pour la construction du Tribunal de Grande Instance dans le bloc judiciaire. Après l’annulation du projet du lauréat (de l’architecte Jacques Hondelatte), l’architecte anglais Richard Rogers remporte le deuxième concours, avec un bâtiment moderne mis en service en 1998.

1 Avi

  • Enmanuel

    4.5

    C’est très impressionnant de voir comment la ville moderne et l’ancienne construction se confondent au même endroit, même si c’est un peu « étrange », la vérité.
    A l’intérieur, il est très bien entretenu et vous pouvez voir des œuvres et de l’artisanat de l’époque. Bien sûr, ne vous attendez pas à une vue très longue, car la plupart des salles sont fermées au public, puisqu’elles sont utilisées par l’Administration.

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